Il fallait le comprendre, Edward. Ce n'était pas facile à gérer, pour lui, d'être un coq, de se promener chaque jour avec cette allure fière, grandi d'une crête rougie, alors qu'au fond, il se sentait bien peu de choses, bien trop petit pour affronter le monde. Il se disait que la nature faisait parfois mal les choses, et que s'il était né poussin, il aurait dû le rester, pour demeurer cette petite chose timide et fragile qu'il n'avait jamais cessé d'être. Il enviait les mésanges, les moineaux, toutes ces petites choses qui, nées petites choses, grandissaient en restant petites choses. Et l'on s'étonnait ensuite que certains développent des troubles de la personnalité. S'il fallait maintenant gérer les mues, les métamorphoses, les têtards qui deviennent grenouilles, les chenilles s'enfermant pataudes et toutes poilues dans une chrysalide pour en sortir un mois plus tard gracieuses, légères et ailées, comment pouvait-on raisonnablement imaginer s'en sortir...
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