Ernst s'était toujours trouvé absolument émerveillé par les saules pleureurs. Il avait développé dans son enfance une vraie fascination pour ces arbres qui encadraient l'étang de la prairie voisine. Il avait aimé, chaque dimanche, sortir du lit à l'aube pour aller les surprendre dans leur éternel mouvement de prosternation. Peut-être s'était-il persuadé de ce qu'en les prenant par surprise, il les retrouverait un matin fiers comme des coqs. Alors il aurait pu se dire que finalement, ces pleureurs jouaient la comédie. Sans doute l'espérait-il, d'ailleurs, au fond de lui. Mais jamais les saules ne s'étaient redressés, et jamais sa tendresse à leur égard n'avait fléchi. Il se demandait quelle tristesse pouvait bien accabler indéfectiblement ces frêles silhouettes. Quand il s'était senti triste, lui-même, il était venu leur rendre visite pour se sentir moins seul. Quand il avait été heureux, il était venu aussi, en se disant que peut-être, le bonheur pourrait être contagieux. En même temps qu'ils ployaient, il ne pouvait s'empêcher de leur trouver une extrême grâce, une humilité à toute épreuve, quand ils laissaient baigner leurs feuilles dans cet étang, réservoir à larmes qui jamais ne manquerait d'eau.
Très beau...
RépondreSupprimerC'est gentil. :)
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