Paulin et Marité

Et ils convenaient tous les deux bien volontiers que c'était peut-être le comble du simplet, mais pourtant c'était quand ils s'asseyaient face à la mer qu'ils mesuraient toute l'étendue de leur entente, regarder ensemble dans la même direction, quelque chose comme ça. Ils pouvaient bien se taire et donner l'impression de n'avoir plus rien à se dire, mais Paulin et Marité ne faisaient rien qu'à vieillir tendrement ensemble depuis quarante ans. Ils se l'étaient promis, tout simplement. C'était bien beau, de parler beaucoup, mais ces deux-là étaient parvenus à si bien accorder leurs violons qu'il ne leur était plus nécessaire de s'échiner à combler les blancs des conversations. Il est des silences éloquents que Paulin et Marité avaient réussi à faire parler quand ils s'asseyaient face à la mer et qu'ils continuaient à vieillir tendrement ensemble.