Paul n'aurait jamais pensé s'interroger un jour sur son amour du ballon rond. Il en avait repoussé, des questions, ne les avait même pas entendues, prenant toujours la fuite, s'en retournant courir, courir, courir, enchaîner les petits ponts. Et puis un jour, la question était parvenue jusqu'à lui. Et il s'était posé, s'était donné le temps de réfléchir. Le ballon, au fond, n'avait sûrement que peu d'intérêt. Il aurait pu devenir champion de yoyo, défier la pesanteur sur une planche de skate, peut-être même jouer du piano. Mais sans doute cela avait-il été le ballon parce que le ballon avait été là, à cette époque, à ce moment. Il avait conquis ce sentiment d'avoir enfin du contrôle sur les choses, fût-ce un ballon, et il ne l'avait plus lâché, pour ne plus que les choses lui échappent.
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