Trentemoult, trente mille nuages et des couleurs

Je commençais presque à regretter mon idée d'aller visiter Trentemoult, lors de ma dernière virée à Nantes, quand en longeant la Loire depuis le centre-ville vers la Gare maritime, ce dimanche matin, je maudissais ma veste trop légère en en resserrant le col tant que possible, et remontais mon foulard jusqu'au bout du nez. Ce n'était peut-être pas le bon jour, je pouvais encore faire demi-tour, revenir l'été prochain, ou avec des vêtements chauds. Le ciel était gris, gris, gris, j'allais être déçue, sûr.

Mais j'avais vu les charmantes maisons de Trentemoult me narguer toute la veille de l'autre côté de la rive, sous un grand Soleil alors,  et à celles-ci qui me tendaient les bras, j'avais dit à demain, promis je viens demain. Alors j'ai persévéré et continué mon chemin. 

Je crois que mes doutes se sont envolés sitôt posée à l'intérieur du Navibus, qui emmène son petit monde de Nantes à Trentemoult en à peine 10 minutes. J'ai senti à nouveau ce petit bonheur qui m'enveloppe à chaque fois que les bus sont des bateaux, et que les transports en commun me paraissent tout à coup complètement hors du commun. Il ne m'en faut pas plus pour voyager.

Arrivée à Trentemoult, le charme et les couleurs des maisons, dans cet ancien village de pêcheurs, ont fini de me convaincre, ont dissipé les nuages et m'ont fait oublier le vent et le froid de ce matin d'automne. C'était beau, et ça valait bien toute la grisaille du jour. 

J'ai déambulé à l'aveuglette, m'autorisant à me perdre dans les ruelles biscornues, me laissant simplement guider par les couleurs et les courettes se dévoilant ici et là à chaque coin de rue faites de bric et de broc, d'un joyeux esprit récup' et d'une pointe d'humour sur les murs.

Je me suis demandée pourquoi j'étais si sensible au charme de Trentemoult, je me suis souvenue de Murano, de Burano, de leurs maisons couleur arc-en-ciel, et j'ai compris que c'était la bonne humeur des murs, qui m'interpellait, me semblait si libérée et résonnait en moi comme un rire d'enfant, spontané et insouciant. Je n'ai pas pu m'empêcher de songer aux réactions que soulèvent souvent par ici les initiatives un peu originales en matière de peinture de façades : une maison rouge ? Ce devrait être interdit, voyez comme ça dénote à côté des maisons grises ! Et j'ai souri en me disant que si les maisons grises étaient jaunes, bleues, roses, on ne pointerait plus du doigt la maison rouge. 

Et vous, êtes-vous aussi sensible que moi aux couleurs sur les murs ?