Une calavera mexicaine pour Halloween

Si je m'efforce, au quotidien, de manger des aliments de saison, je me rends compte que j'aime aussi bricoler "de saison". Dessiner la pluie, utiliser de la laine en hiver, découper des feuilles de papier vert au retour du printemps, faire entrer doucement l'automne à la maison avec ma récente broderie renard et me rappeler que l'automne est là, chaque fois que mes yeux se posent sur elle.

Depuis le début du mois d'octobre, les citrouilles et potirons investissant petit à petit les vitrines des commerces semblaient me répéter qu'il était déjà temps de me tourner vers Halloween. Je n'ai jamais réellement célébré Halloween, mais j'aime toujours glisser un petit clin d'oeil à cette fête dans mon chez moi. Cette année, j'ai eu envie de quelque chose de différent de la traditionnelle lanterne citrouille que je prépare souvent, et c'est vers le Mexique que mon imagination est venue galoper.

Je suis assez fascinée par l'immense richesse de l'artisanat et du folklore des différentes cultures américaines, que je ne connais pourtant encore que par procuration. Des couleurs aux motifs, des tribus amérindiennes aux cultures plus latines, ce sont des ponts qui se dressent, dans ma tête, des imaginaires qui se télescopent et qui, j'en suis sûre, me nourrissent et m'inspirent.

En guise de clin d'oeil à Halloween, cette année c'est donc vers la broderie que je me suis tournée, non refroidie par les meurtrissures aux doigts laissées par ma dernière expérience en la matière (et fièrement équipée, cette fois-ci, d'un dé à coudre flambant neuf).

J'ai voulu exploiter l'univers des calaveras mexicaines, ces crânes humains, symboles du jour des morts et bel étendard de la culture du Mexique, qui nourrit une certaine fascination pour la Mort dans toutes ses représentations. Réalisées en principe en pâte à sucre pour être utilisées comme offrande en souvenir d'un proche défunt, elles débordent de plus en plus le cadre de la tradition pour s'afficher dans l'art et l'artisanat sous forme de petites têtes de mort en bois peint ou en céramique, aux couleurs et motifs très vifs et joyeux.

C'est ce qui me plait le plus, je crois, dans les calaveras, cette profonde contradiction - qui peut être tout du moins perçue comme telle dans notre culture européenne - entre la tête de mort et toutes ces couleurs. La célébration du jour des Morts, au Mexique, loin du triste jour de recueillement que peut être la Toussaint, est une fête, où la ville se colore autant que les cimetières, dans lesquels d'ailleurs, les Mexicains rivalisent d'invention pour proposer la  décoration la plus festive et colorée possible.

Peut-être parce que malgré moi, quelque chose m'échappe forcément dans ce rapport à la Mort qui n'est pas le mien, je suis fascinée par ces calaveras. Alors j'ai voulu en broder une. L'orner de fleurs, la tatouer, la colorer.

Je me suis interrogée un certain temps sur la meilleure façon de broder ces roses, que je souhaitais très imposantes et précises. C'est finalement sur le point de feston que mon choix s'est arrêté, celui-ci offrant l'avantage de pouvoir bien différencier les pétales grâce à la petite bordure caractéristique du point. Pour le reste de la broderie, j'ai utilisé le point de chainette et le passé plat. 

J'ai tout juste eu le temps de pouvoir observer ma broderie quelques jours, avant mon départ à Bruxelles. Je l'ai regardée, entourée de fleurs, de potimarrons dans mon petit salon, d'une bougie que j'allume parfois, et oui, je suis arrivée à la trouver joyeuse et chaleureuse, ma petite calavera.

Et vous, que vous évoquent-elles, ces calaveras mexicaines ?