Je voulais voir le Soleil se lever

Les quinze premiers jours de janvier ont été gris, en Bretagne, et il m'a paru lourd, ce début d'année, interminable. J'attendais le Soleil. Je trouve que rien n'est plus beau qu'un 1er janvier ensoleillé, où l'on peut feindre d'effacer les tablettes, partir se promener et se dire qu'on va reprendre les choses bien comme il faut. Avec du Soleil, donc. Le 1er janvier, par ici, il a plu sans discontinuer, il a grêlé, il a soufflé très fort, et ça ne m'a pas aidée à regarder 2016 comme une jolie toile vierge. 

Jamais je n'ai donc regardé aussi souvent l'application météo de mon téléphone que ces deux dernières semaines. Depuis quelques jours, je guettais avec envi la perspective du samedi 16 janvier. Car le samedi 16 janvier, on me promettait du Soleil, un vrai Soleil, sans le petit nuage qui le cache à moitié. Du Soleil. J'ai vérifié chaque jour que les prévisions ne changeaient pas, qu'il ne me fasse pas un sale coup, ce Soleil. J'ai noté une croix sur mon agenda à la page de samedi. Ce samedi-là, c'était décidé, je me lèverais tôt et j'irais me poster face à la mer pour regarder le Soleil se lever au large, histoire de bien lui signifier qu'il était attendu, ce bougre-là. 

Je suis partie à toute vitesse, un peu trop tard par rapport à mes projets et j'ai filé, anxieuse à l'idée de manquer le début du spectacle. Le lever du Soleil était programmé à 9 h 01, mais c'est toute la demi-heure le précédant, que je voulais vivre, quand petit à petit les ombres s'estompent et s'embrase l'horizon. J'ai filé vers la mer et j'ai vu déjà le ciel s'éclaircir, j'ai voulu lui dire d'attendre, de m'attendre, j'ai serré les dents, et finalement je suis arrivée à temps dans cet endroit où l'aube est aussi belle que les crépuscules. Je me suis installée, silencieuse dans le silence, il n'y avait encore personne, plus tard les joggeurs et marcheurs se succéderaient en m'adressant leur bonjour, leur "la lumière est belle, hein, ce matin ?". 

Et le Soleil s'est levé. Il s'est levé, et quelque part, ce fut comme un premier janvier. Un nouveau premier jour de quelque chose.