Le petit bois aux souvenirs

Quelques photos de dimanche matin quand, de visite chez ma mère, j'ai chaussé les bottes en caoutchouc et suis descendue me balader dans les bois bordant le jardin. C'est un endroit que j'aime beaucoup, qui vit sa vie, sauvage, rempli de biches et de cerfs bien que je n'aie fait que les entendre jusqu'à ce jour, à défaut de me retrouver face à eux. J'emprunte toujours le même parcours, sachant exactement où enjamber le ruisseau là où il est le plus étroit, éviter de marcher sur les terres meubles, d'abîmer les sols. Petite, je faisais flotter mes petits bateaux sur une portion du ruisseau, là où je savais que je pourrais toujours les récupérer, eux qui seraient bloqués quelques mètres plus loin par une grosse souche plantée dans l'eau. Je croyais dur comme fer que c'était la Loire qui prenait sa source dans ma prairie, que ce petit ruisseau qui naissait presque sous mes pieds, continuait sa course plus loin et venait grossir et s'abreuver de tous les autres petits ruisseaux pour devenir fleuve. J'en retirais une très grande fierté. 

Une chose n'a pas changé, c'est mon attachement à ce petit bois. J'aime venir m'y ressourcer et laisser les bruits du ruisseau, petit à petit,  prendre le dessus sur tous les autres jusqu'à m'engloutir, m'envahir et m'apaiser. Après les fortes pluies des jours passés, celui-ci est devenu rivière, pour de vrai. 

Dans quelques mois, au printemps, le chemin sera recouvert de jacinthes des bois, je téléphonerai à ma mère quatre fois par jour au moins pour demander : "est-ce qu'elles ont fleuri ? Est-ce je dois venir tout de suite ?", trop inquiète de les manquer au sommet de leur beauté, et quand j'aurai obtenu le feu vert, j'accourrai pour les cueillir par brassées, comme chaque année depuis 26 ans.