lundi 5 septembre 2016

62 days of summer #8 - mon bilan


Septembre est là, l'heure, donc, pour moi, de tourner la page après ce chouette projet d'été qui vient de s'achever. Rapide rappel si vous tombez sur cet article par hasard :

Au début de l'été, j'ai décidé de changer ma routine créative, qui depuis quelques mois tournait exclusivement autour de la broderie et de la gravure. J'ai décidé de ranger mes fils, mes aiguilles et mes gouges pour tout un été, très désireuse de retrouver davantage le contact du papier et le plaisir simple de dessiner.

C'est ainsi que naissait mon carnet d'été, et mon projet de dessiner, chaque jour, du 1er juillet jusqu'au 31 août, 62 portraits. J'avais vu plusieurs projets créatifs du type "un dessin par jour pendant 100 jours", notamment chez Julie Adore, et je trouvais très intéressant cet exercice de la variation autour d'un même thème, de la répétition dans la nuance. 

Pour ces portraits, je n'avais pas envie de réfléchir à outrance. J'avais envie de dessiner comme un enfant, spontanément, sans le souci du trait qui ne tombe pas juste, sans perfectionnisme. Faire l'expérience du lâcher prise à travers le dessin, en quelque sorte.

J'ai tenu le pari de produire ces 62 portraits en ne trichant (presque) pas. Il m'est arrivé, alors que j'étais en voyage en Autriche, de profiter d'un jour de pluie pour dessiner deux portraits d'un coup, m'offrant une pause pour la journée suivante, dont je savais d'avance qu'elle serait chargée.

Je n'avais pas vraiment pensé, en débutant ce carnet, début juillet, qu'il me faudrait l'emmener avec moi en voyage pendant près de 20 jours, et que continuer de le remplir serait potentiellement compromis par le rythme imposé par mes longues journées de marche. Au moment de faire ma valise, soucieuse de voyager léger, j'ai un peu culpabilisé d'embarquer carnet, crayons, ciseaux, coupures de publicité, et autres tubes de colle. Mais je n'ai pas cillé. Le matériel utilisé pour ce projet, heureusement, était assez minimaliste, pour quelqu'un qui comme moi, aime bien voyager avec moult crayons de couleur et ma palette d'aquarelle. 

Avant de dresser un petit bilan de ce projet, voici d'abord les deux derniers portraits du mois d'août, que je n'avais pas encore publiés :


Il m'a semblé tout naturel de conclure mon carnet en dessinant un enfant. Une manière pour moi de boucler la boucle. 

J'ai aimé : 


J'ai adoré voir, au fil des jours, s'accumuler les visages entre les pages de mon carnet. Plus d'une fois j'ai pris un petit moment pour en feuilleter les pages et revenir en arrière. J'ai eu l'impression de les voir s'animer, tous ces petits bonshommes, j'ai eu l'impression de commencer à les connaître. Très vite, je leur ai associé des prénoms, ajoutant encore à cette proximité qui se tissait entre ces personnages et moi. On en a vu du pays, quatre, exactement, tous ensemble on a gravi des montagnes, moi et mon petit carnet que je ne voulais pas laisser à l'auberge, quitte à alourdir parfois le sac de randonnée pour le seul plaisir de photographier mes portraits face aux paysages grandioses que je découvrais. 

J'ai tout autant aimé cette sensation de cahier neuf renouvelée chaque jour quand, tournant la page, écrasant la reliure, sortant mes crayons, j'avais le pouvoir entier de faire naître un visage totalement neuf, totalement différent de celui de la veille et pourtant semblable aux autres. 

Enfin, j'ai aimé voir mes personnages prendre une couleur locale, s'accompagnant de divers prospectus trouvés dans les différents offices du tourisme fréquentés au fil du voyage. Quand je feuillette mon carnet, un mois après, je me rends compte que je sais exactement quand j'ai quitté la France, quand j'ai quitté l'Allemagne, puis quand j'ai quitté l'Autriche. Je retrouve même des bribes de nos itinéraires de randonnée, et ça me fait sourire. Ces multiples petits clins d'oeil font pour moi de ce carnet un joli souvenir de mon périple, même s'il n'avait pas vocation à être un carnet de voyage à proprement parler.

J'ai connu des difficultés : 


Alors que je souhaitais, au départ, retrouver l'insouciance des dessins d'enfant, je me suis vite rendu compte que je n'y parviendrais pas sans calcul, ce qui était totalement contradictoire avec l'essence même du projet initial. A vouloir dessiner sans réfléchir, je réfléchissais trop. Les premiers dessins m'ont donc servi de rodage, ils m'ont laissée un peu mal à l'aise, le temps de comprendre que mon insouciance à moi, je ne devais pas chercher à la situer dans l'enfance. Je ne devais pas chercher à la situer, tout court, je devais dessiner, et puis c'est tout.


J'ai accepté de changer mon cap : 


Une fois que j'ai compris cela, je crois que je me suis quelque peu libérée dans ma façon de dessiner. 
C'est assez paradoxal d'ailleurs, de constater que c'est en arrêtant de chercher absolument à dessiner sans réfléchir, à dessiner avec l'insouciance d'un enfant, que je me suis débridée, et que j'ai trouvé, finalement, une forme d'insouciance, qui n'était plus celle d'un enfant, certes, mais d'une adulte qui garde, je crois, une forte part d'enfance. 

A partir de là, je me suis surtout concentrée sur ma volonté de progresser dans le portrait, de dessiner des visages aussi différents que possible, des visages anguleux, des poupons, des cheveux longs, de grandes oreilles, des nez aquilins, des lèvres pulpeuses, des garçons mal coiffés, ou trop bien coiffés... 


Profiter de la mini tablette de mon compartiment, pour dessiner mon portrait du jour entre Munich et Reutte.


J'ai progressé : 


Une des raisons pour lesquelles j'ai choisi de remplir ce carnet par des portraits était que je me suis toujours sentie mal à l'aise (encore !) pour dessiner les gens, quand je ne suis qu'admiration pour tous ces artistes de rue capables de croquer un visage en quinze minutes à peine, le dos tourné aux curieux qui s'arrêtent pour regarder par-dessus son épaule histoire de voir si son crayon tremble, et non il ne tremble jamais, et en quelques minutes, deux traits, trois traits, l'essentiel est là, l'expression restituée le plus fidèlement du monde. 
Loin de moi l'idée de dire que l'expérience de ces 62 portraits a fait des miracles à ce point, mais j'ai véritablement senti, vers le milieu du projet, que je me décomplexais dans ma pratique. Les portraits naissaient beaucoup plus facilement au bout de mon crayon, quelques paires d'yeux m'ont même parfois regardée travailler sans que je me liquéfie totalement, et j'ai continué, au contraire, à dessiner, malgré le sentiment d'être observée.


Quelle conclusion en tirer ?


Malgré les difficultés que j'ai pu avoir, quelquefois, étant à l'étranger, pour continuer de m'astreindre à cette routine du portrait quand je rentrais, le soir, fatiguée par une longue journée de marche, je ne tire que du positif de ce projet d'été. Je suis même plutôt fière de ne pas avoir abandonné en cours de route, comme je l'ai fait parfois pour d'autres carnets que je prévoyais de remplir d'un dessin par jour toute une année. Cette fois je suis allée au bout, et je sais que c'est un carnet que je vais aimer conserver précieusement, et que je regarderai encore avec tendresse dans quelques années. 

Au-delà de ça, je pense que je sous-estimais encore la richesse de cet exercice de la répétition avec variations, dont je percevais l'intérêt sans en saisir la mesure. 
Je m'y étais déjà frottée avec les challenges photo proposés par le magazine Flow sur Instagram, comme celui autour des feuilles d'automne, en octobre 2015 (ou celui qui démarre aujourd'hui autour de l'alphabet, justement), mais jamais par le dessin. Je pense aujourd'hui que s'il existe un domaine dans lequel on se sent des lacunes, c'est un formidable exercice pour se perfectionner sans même s'en rendre compte. 

Alors, si vous avez envie, que sais-je, d'apprendre l'aquarelle, la calligraphie, de dessiner des chats, des mains (c'est tellement difficile de dessiner des mains), je ne peux que vous encourager à ouvrir votre plus joli carnet dès aujourd'hui, à sortir votre plus beau crayon et à commencer votre projet pour un mois, deux mois, 100 jours qui sait. Alors... lancez-vous !


Chiche ? 
Avez-vous déjà songé à vous lancer dans un tel projet ? J'espère en tout cas que mon expérience pourra en inspirer certain(e)s. 
Retrouvez tous les portraits de mon été par dans les précédents articles :

62 days of summer #1
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8 commentaires:

  1. j'ai suivi tout l'été ton périple et celui de tes portraits et je suis admirative de cet exercice quotidien! J'avoue avoir aussi adoré admirer les beaux paysages de montagnes ;)
    Tu as raison, c'est un carnet que tu ré-ouvriras avec plaisir dans quelques années!

    jessica

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    1. Ca me fait très plaisir de voir qu'il y a des personnes qui ont suivi l'évolution de ce carnet en fil rouge tout l'été ! Merci pour tes mots. Oh moi aussi je les ai aimés, ces paysages de montagnes. On devrait les retrouver par ici un de ces jours, il faut seulement que j'accepte de me plonger vraiment dans mes photos de voyage pour commencer à trier. J'ai tellement de choses à écrire sur ce voyage, que je pense que je ne sais pas par où commencer. :)

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  2. J'ai adoré suivre l'évolution de ce petit carnet au fil de l'été et je suis un petit peu nostalgique de réaliser que ce joli défi est terminé! Tu peux être fière de toi, ces défis là nous font toujours grandir!

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    1. Merci beaucoup ! C'est drôle, moi aussi j'ai été prise d'un peu de nostalgie, le 1er septembre, j'avais envie de m'entourer d'un nouveau petit personnage encore. :)

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  3. Chouette projet, c'est trop joli !

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  4. J'ai suivi ton projet cet été, c'est vraiment très chouette. j'avais commencé un défi 100jours sur Instagram mais je n'ai pas réussi à tenir sur le long terme... Donc félicitations :D

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    1. Merci de m'avoir suivie Sophie, et merci pour tes mots ! Ce n'est pas toujours facile facile de se tenir à ce genre de projet, de garder tout du long l'élan du départ. Je ne compte plus les projets avortés, de mon côté aussi. Celui-ci est allé jusqu'au bout, sans doute grâce au relais que j'en avais fait sur ce blog et Instagram. Ca m'a sans doute aidée à ne pas lâcher prise quand j'avais moins de temps à y consacrer, et j'aurais peut-être mis ça entre parenthèses pendant mon voyage si j'avais accompli ce projet seulement dans mon coin. Comme quoi, les réseaux sociaux ont du bon pour entretenir sa créativité !

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