C'est drôle comme la mémoire peut prendre des tours alambiqués, parfois. Il y a quelques semaines, je suis retournée à Lisbonne, 10 ans après, ou peut-être 9, je n'arrive plus vraiment à savoir. 10 c'est mieux, c'est un compte rond.
Avant de partir, j'avais glissé mes bribes de souvenirs dans un petit billet de blog. Lisbonne était devenu un souvenir flou dont il me restait à peu près la saveur des pasteis de nata, la chaleur cuisante du mois d'août et les vagues images d'un café que je me souvenais avoir beaucoup aimé même si je ne savais plus trop bien pourquoi.
Je retourne rarement dans des villes que j'ai déjà visitées, à l'étranger. Sans doute que ma soif de découvrir de nouveaux pays et de nouveaux endroits, ainsi qu'un budget voyage qui n'est pas extensible, me poussent à ne pas "gâcher" - quand elles se présentes - les opportunités de partir en sillonnant des lieux que je connais déjà. Mais cette fois, tellement d'années avaient passé, qu'il me semblait que retourner à Lisbonne m'amènerait à la redécouvrir vraiment, avec d'autres yeux que ceux de l'adolescente que j'étais la première fois.
J'ai donc retrouvé le café, mais j'ai retrouvé bien plus encore, des choses que je ne cherchais même pas, les bancs rayés du Parc des Nations, les lumières du couchant sur Cais do Sodré, des escaliers et des ruelles tortueuses qui ne m'évoquaient rien de précis, mais qui m'ont parfois donné l'intuition que le virage suivant était à droite, ou à gauche. Et pour tout vous dire, souvent le virage suivant me donnait raison, effectivement, comme si j'y étais déjà passée. Bien sûr que j'y étais déjà passée. Les fresques de street art ont changé, sur les murs abîmés de ces escaliers, mais je suis sûre d'avoir retrouvé ceux où nous avions pris des photos, il y a 10 ans, ou 9, dans une jolie lumière du matin.
Lisbonne m'a fait vivre des retrouvailles inattendues, comme avec la devanture de cette brocante qui vendait des azulejos, devant laquelle je suis passée par hasard en allant déjeuner. L'esprit déjà tout entier tourné vers ce que j'allais commander à manger, je me demande bien pourquoi à cet instant précis j'ai jeté un oeil vers la boutique, et pourquoi, alors que je marche toujours activement dans les rues et que j'aurais dû balayer la vitrine sans trop m'appesantir, cette fois je me suis arrêtée net, vissée par la certitude d'être déjà entrée dans cette boutique. Là, j'ai tout reconnu, sans rien reconnaître pourtant.
Je savais simplement que c'était à cet endroit que j'avais acheté un carreau azulejo la dernière fois. Je ne sais absolument pas à quoi tenait cette certitude, car c'était une boutique parmi d'autres, sans accroche précise pour l'oeil. C'était un ensemble diffus de toutes petites choses, c'était l'atmosphère sombre, le sol brut, la suspicion d'un arrière-boutique qui cache des trésors.
C'était le hasard, aussi, celui d'avoir tourné la tête à ce moment précis, comme si hêlée par l'apostrophe d'un vieil ami rencontré par hasard.
Je ne suis pas entrée à nouveau dans ce magasin, mais je me suis attardée sur le seuil, laissant ma mémoire recoller les morceaux. Je me rappelle cet azulejo que j'avais choisi avec le plus grand soin pour l'offrir à ma mère. C'était notre dernière matinée au Portugal, l'avion décollait quelques heures plus tard, et j'avais fait part à la dernière minute de mon regret de ne pas rapporter d'azulejo comme souvenir de voyage. Je ne sais pas comment nous avions réussi à caler cette ultime escapade dans notre emploi du temps, mais nous nous étions rendus à cette boutique, conseillée dans un de nos guides. Là-bas, on m'avait expliqué comme les carreaux datant d'avant l'incendie de 1755 étaient des objets d'une préciosité sans nom, et que j'étais au bon endroit pour ne pas me faire avoir par le commerce frauduleux des carreaux qu'on arrache parfois directement des murs de Lisbonne. Je m'étais sentie, en effet, au bon endroit, et j'avais choisi un carreau à la mesure de mon budget, un joli motif floral datant du début du XXè siècle, que j'avais rapporté dans ma valise comme un vrai petit trésor.
Je savais simplement que c'était à cet endroit que j'avais acheté un carreau azulejo la dernière fois. Je ne sais absolument pas à quoi tenait cette certitude, car c'était une boutique parmi d'autres, sans accroche précise pour l'oeil. C'était un ensemble diffus de toutes petites choses, c'était l'atmosphère sombre, le sol brut, la suspicion d'un arrière-boutique qui cache des trésors.
C'était le hasard, aussi, celui d'avoir tourné la tête à ce moment précis, comme si hêlée par l'apostrophe d'un vieil ami rencontré par hasard.
Je ne suis pas entrée à nouveau dans ce magasin, mais je me suis attardée sur le seuil, laissant ma mémoire recoller les morceaux. Je me rappelle cet azulejo que j'avais choisi avec le plus grand soin pour l'offrir à ma mère. C'était notre dernière matinée au Portugal, l'avion décollait quelques heures plus tard, et j'avais fait part à la dernière minute de mon regret de ne pas rapporter d'azulejo comme souvenir de voyage. Je ne sais pas comment nous avions réussi à caler cette ultime escapade dans notre emploi du temps, mais nous nous étions rendus à cette boutique, conseillée dans un de nos guides. Là-bas, on m'avait expliqué comme les carreaux datant d'avant l'incendie de 1755 étaient des objets d'une préciosité sans nom, et que j'étais au bon endroit pour ne pas me faire avoir par le commerce frauduleux des carreaux qu'on arrache parfois directement des murs de Lisbonne. Je m'étais sentie, en effet, au bon endroit, et j'avais choisi un carreau à la mesure de mon budget, un joli motif floral datant du début du XXè siècle, que j'avais rapporté dans ma valise comme un vrai petit trésor.
Finalement, je trouve que c'est intéressant, même émouvant, de retourner sur des lieux qu'on avait appréciés, des endroits qui nous avaient vraiment marqués, mais dont le souvenir s'effrite forcément - au moins un peu - avec le temps. J'espère qu'un jour, je retournerai sur l'île de Vaxholm, dans l'archipel de Stockholm, par exemple. Et vous, il y a des endroits, comme ça, que vous avez redécouverts des années après, ou bien que vous aimeriez redécouvrir un jour ?
Et pour clore cette escapade lisboète, je vous donne rendez-vous vendredi prochain pour un article autour de mes bonnes adresses à Lisbonne.
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