L'hiver a beau avoir tiré sa révérence (en principe), je reviens aujourd'hui avec une gravure que j'ai imaginée la saison dernière, quand les ambiances chaleureuses et les pulls moelleux guidaient mon inspiration. Il me tardait donc de prendre le temps de la partager avec vous, avant d'amorcer un virage plus printanier dans les créations que je mets régulièrement en avant sur ce blog.
Le pull jacquard : linogravure en trois couleurs
Commencer une collection de portraits gravés
Cette linogravure vous en rappellera peut-être une autre, car elle est une déclinaison d'un autre portrait gravé, que j'ai partagé avec vous il y a quelques mois dans cet article où je vous explique comment j'imprime mes linogravures.
L'hiver dernier, à travers mes projets de gravure, j'ai eu envie de débuter une série de portraits, de reprendre les traits et les codes des personnages qu'on retrouve régulièrement dans mes dessins brodés. De petits bonshommes un peu candides et enfantins, autour desquels j'ai décliné différentes couleurs et motifs de pulls jacquard.
Ce fut un exercice assez stimulant que celui de me concentrer sur le vêtement à travers la gravure et son rendu "papier". Car c'est une chose de m'amuser avec les textures pour broder des vêtements dans mes dessins brodés, comme ici ou là, mais c'en est une autre de vouloir le faire avec de l'encre et du papier, loin de mes fils, de mes toiles de coton et de mes laines fantaisie.
Pour ce portrait, comme pour le précédent, j'ai donc tâché de dépouiller le dessin de tous les détails inutiles pour ne garder que l'essentiel dans la suggestion des motifs jacquard. Pour le reste, j'ai pensé cette demoiselle comme une jumelle de ma gravure précédente, et j'aime aujourd'hui les considérer comme une sorte de dyptique. Je n'ai qu'une envie, désormais, c'est d'agrandir encore la famille, avec d'autres variations de ce genre.
Réfléchir à son choix de couleurs dès le début du projet
Mes encres chouchoutes, la gamme Aqua wash de la Maison Charbonnel |
Quand j'ai démarré la linogravure, je dessinais mes futures gravures telles que je les aurais dessinées sur papier, sans trop me préoccuper de la spécificité du support auxquelles je les destinais. Ce n'est pas impossible de fonctionner comme ça, mais il faut alors s'attendre à une part d'aléatoire une fois le dessin imprimé, ne serait-ce parce que le dessin gravé est imprimé en miroir - inversé - sur le papier.
Depuis quelques temps déjà, j'essaye de me projeter davantage dans le résultat de mes gravures lorsque je conçois mon dessin, d'anticiper les contrastes, les zones de blanc (sur la plaque de linoléum, elles correspondent à toutes les zones que vous creuserez), etc. De "penser à l'envers", dès le départ.
C'est d'autant plus important lorsqu'on souhaite encrer sa plaque de linoléum avec plusieurs couleurs (et qu'on n'a pas opté pour une impression à fond perdu, une technique dont je vous parlerai une prochaine fois). Il est tout à fait possible de procéder de cette façon - même si certains diront que ce n'est pas la voie la plus académique - pour peu qu'on ait pensé et anticipé ce choix.
Pour cette gravure, par exemple, je tenais à pouvoir tout réaliser sur la même plaque, et ainsi ne pas multiplier les étapes d'impression. J'ai donc réfléchi à une manière de contourner la contrainte que je m'imposais, en y réfléchissant dès l'élaboration de mon dessin.
Concrètement, la difficulté résidait dans le placement des couleurs sur la plaque, car il est délicat en linogravure d'avoir des zones de couleurs différentes voisines sur une même plaque.
J'ai donc choisi d'inclure le blanc comme une couleur à part entière de ma gravure pour le pull de ma demoiselle. Comme je l'ai écrit, ce blanc correspond aux espaces qu'on creuse sur la plaque de gravure, ce qui est plutôt intéressant à exploiter, car il permet en même temps de séparer deux zones de couleurs distinctes (qu'on peut alors encrer avec les couleurs de son choix sans risquer que les encres se chevauchent), et d'entrer comme un élément de composition du dessin à part entière.
J'ai donc choisi d'inclure le blanc comme une couleur à part entière de ma gravure pour le pull de ma demoiselle. Comme je l'ai écrit, ce blanc correspond aux espaces qu'on creuse sur la plaque de gravure, ce qui est plutôt intéressant à exploiter, car il permet en même temps de séparer deux zones de couleurs distinctes (qu'on peut alors encrer avec les couleurs de son choix sans risquer que les encres se chevauchent), et d'entrer comme un élément de composition du dessin à part entière.
Ici, grâce aux bandes blanches sur le pull jacquard, j'ai donc pu utiliser facilement du bleu marine, du rouge, et du rose, chacune de ces zones de couleur étant séparée de l'autre par un espace blanc (soit un creux, sur la plaque gravée).
Finalement, le seul endroit, sur ma gravure, où le bleu marine jouxte une zone rouge, si vous le remarquez bien, c'est entre les cheveux et les épaules de la jeune fille : là, aucune bande blanche pour séparer vraiment les deux couleurs, mais il s'agit de zones "faciles d'accès", sans angle délicat à aborder, et avec un rouleau fin, comme celui que je vous montre sur la photo précédente - que vous pouvez trouver dans tous les magasins de matériel d'Art -, l'encrage est tout à fait faisable, avec un peu de minutie.
J'espère que vous aurez eu la patience de me lire jusqu'au bout, et que j'aurai réussi à vous entrainer dans le processus de création de cette gravure.
D'ailleurs, quelle déclinaison de cette jeune fille (ou de son copain d'il y a quelques semaines) auriez-vous envie de me voir graver ? J'ai déjà très envie de réfléchir à une version d'un de ces personnages en marinière, mais je serais très enthousiasmée de lire vos suggestions également si vous en avez !
N'hésitez pas à épingler cet article sur Pinterest
pour pouvoir le consulter à nouveau plus tard.
Merci Marion pour cet article très intéressant :)
RépondreSupprimerJe t'avoue que la marinière est une très bonne idée, sinon pourquoi pas des pois dorés ? (je crois que Boden avait même fait une marinière avec des pois dorés ^^)
Bonne journée
Ravie que cet article t'ait intéressée Alice ! Très bonne suggestion, les pois dorés, je la note. (le doré permet toujours d'obtenir des rendus très chouettes en linogravure, au détail près qu'il n'existe que dans les encres à l'huile, qui ont besoin d'être chauffées sur une plaque spéciale, ce qui complexifie un peu leur usage quand on ne dispose pas du matériel adéquat).
SupprimerBelle journée à toi !
Énorme coup de coeur pour cette linogravure ! Je ne savais même pas qu'on pouvais mettre plusieurs couleurs. J'ai déjà testé cette technique une fois et j'aimerai beaucoup retester. Ton article est très intéressant, je vais le garder sous la main pour quand je vais m'y remettre ;)
RépondreSupprimerBonne journée !
Merci Lucie ! Oui, on peut utiliser tout plein de couleurs sur une linogravure. Ma technique, pour le faire, n'est pas la plus académique, comme je l'écris dans mon article. Généralement, les linogravures à plusieurs couleurs sont réalisées avec la technique de l'impression à fond perdu, ou avec plusieurs plaques sur lesquelles on a gravé respectivement chaque élément correspondant à une couleur.
SupprimerJe pense que cette série de portrait va être bien chouette! un petit chat pour compléter la famille? ;)
RépondreSupprimerJ'ai découvert la linogravure à travers ton blog et j'aime toujours autant lire tes articles et tes techniques.
Jessica
Ah, mais oui, pourquoi pas habiller un petit chat également, c'est une charmante idée !
SupprimerJe suis très contente de t'avoir fait découvert la linogravure. Je dois dire que j'aimerais beaucoup mettre encore plus l'accent dessus sur mon blog cette année, et des retours aussi positifs et curieux que cela ne peuvent que m'y pousser. Suite au prochain épisode, donc !
Merci beaucoup pour tes petits mots réguliers et toujours encourageants Jessica, je te souhaite une bonne fin de journée.
Marion
Il y a une vraie gymnastique d'esprit dans le fait de devoir penser le dessin en négatif ; j'en suis toujours très impressionnée !
RépondreSupprimerJe me posais une question un peu plus pratique : j'ai vu dans une vidéo consacrée à la linogravure qu'il existant des peintures "spécial linogravure" (cette indication figurant sur le tube), je me demandais s'il s'agissait vraiment d'une nécessité, ou peut être simplement d'un argument de vente ? Car je vois que cela n'est pas le cas sur tes tubes de peinture..
Une petite question comme ca en prévision - peut être - d'un premier essai un jour ! ;)
Oui, c'est exactement ça, une vraie gymnastique d'esprit !
SupprimerPour répondre à ta question, il ne s'agit en fait pas de peintures, ce sont bel et bien des encres, conçues spécialement pour la linogravure. C'est trompeur, car en effet, les miennes (les Aquawash de la Maison Charbonnel) se présentent dans des tubes comme s'il s'agissait de peintures, mais pas du tout, ce sont des encres. La texture est très particulière, plus ou moins pâteuse selon les tubes, et je la travaille toujours un peu à la spatule pour la rendre plus fluide et "souple" avant d'encrer mes rouleaux.
Merci beaucoup pour ton retour ! ;)
SupprimerUne version marinière pour le printemps / l'été me plaît plutôt bien ! Merci de nous faire entrer dans le monde de la linogravure une fois de plus avec cet article très intéressant. J'ai hâte de voir la famille s'agrandir. 😊
RépondreSupprimerCa me fait vraiment plaisir ! Vraiment, j'aurais envie que les journées soient plus longues pour faire entrer davantage encore la gravure sur ce blog. J'ai un autre article à venir, mais... il me donne beaucoup de travail, pfouu...
SupprimerJe note pour la marinière... ;)